Arrivée d’un nouveau chirurgien spécialiste du membre supérieur à l’ICOP : Dr Gerosa
En Novembre, l’institut de Chirurgie Orthopédique de Provence a accueilli dans son équipe le docteur Thibault Gerosa, chirurgien spécialiste du membre supérieur. Pratiquement 1 an après le Docteur Laghmouche, c’est un second renfort qui quitte la capitale pour s’installer à Aix-en-Provence. Cet après-midi il nous reçoit à l’Institut de Chirurgie Orthopédique de Provence, pour nous parler de son arrivée à l’ICOP et de son métier.
Bonjour Docteur Gerosa.
Bonjour.
Vous arrivez de Paris… Alors première question, pourquoi êtes-vous venu exercer sur Aix-en-Provence ?
En réalité cela fait déjà que j’effectue des remplacements sur l’ICOP. J’étais interne à Paris, à l’hôpital européen Georges Pompidou avec le Dr Amaury Grandjean et le Dr Damien Delgrande, puis j’ai fait mon clinicat avec le Dr Laghmouche. Quand ils m’ont parlé du projet de l’ICOP à l’époque, j’avais dit que cela m’intéressait et j’ai donc commencé par des remplacements jusqu’à m’installer ici. En outre mon épouse est originaire de la région donc cela faisait plusieurs bonnes raisons de déménager !
Et comment s’est passé votre intégration à l’ICOP ?
Cela s’est fait progressivement. Je connais Amaury et Damien depuis 4 ans, j’ai commencé à remplacer à Rambot puis à l’HPP, et il était prévu que j’arrive dès la fin de mon clinicat. A mesure que je faisais de plus en plus de remplacements, j’ai pu apprendre à connaître l’équipe, les chirurgiens bien sûr mais aussi les secrétaires, les infirmières, l’encadrement etc…c’est important. J’ai rencontré aussi des médecins traitants dans les différentes communes environnantes. Cela aide aussi à connaître la région, donc l’acclimatation a été progressive et s’est bien passée. Je découvre encore certains lieux : le pays d’Aix, le Luberon, l’Est par rapport à mon épouse etc…
D’où vous est venu la volonté d’exercer en chirurgie du membre supérieur ?
Alors tout est parti d’un stage en 3e… Dans la clinique en face de chez moi, en orthopédie. J’ai trouvé ça intéressant, d’autant que je cherchais un métier qui était principalement manuel. Celui-ci avait également un aspect intellectuel. En plus j’aime le contact avec les gens, je ne suis pas quelqu’un de forcément solitaire, donc la chirurgie rassemblait ces éléments qui me correspondaient. Après j’ai eu un parcours scientifique au lycée, puis j’ai fait médecine avec un focus orthopédique, puis une spécialisation dans le membre supérieur, dont la main et l’épaule, au milieu des études. C’est un domaine intéressant car il y a une grande variété d’opérations possibles. En outre, on a l’occasion d’améliorer réellement le quotidien des gens qu’on opère. Et bien que toute opération comporte des risques, ils sont moindres comparés à ceux d’une chirurgie du cœur ou du cerveau. En chirurgie de la main on a beaucoup d’opérations en ambulatoire, beaucoup d’anesthésie loco-régionales où on peut échanger avec le patient, dans des conditions de travail favorables (travail assis, discussion possible).
Je reviens sur l’aspect manuel, c’est vrai que les chirurgiens l’évoquent souvent, alors qu’on a tendance à voir les médecins comme issus d’une profession très intellectuelle…
Oui c’est vrai qu’il y a une composante pratique forte. On doit s’adapter au cas très spécifique du patient, faire des choix en fonction de ce que sera son utilisation du membre par la suite. Dans les gestes qu’on pratique en chirurgie, il y a évidemment des cas d’écoles, mais la réalité quotidienne c’est de l’adaptation, c’est pour ça qu’il est intéressant dans un parcours d’avoir vu plusieurs façons de faire.
Le travail manuel, le cas pratique qui diffère de la théorie… Tout cela me rappelle le bricolage !
Vous le dites en plaisantant, mais toutes proportions gardées, quand on s’entraine à l’école en laboratoire d’anatomie, on travaille par exemple avec des perceuses ordinaires, des chevilles ! Donc oui, sur l’aspect mécanique du corps humain, il y a un aspect « bricolage » pour caricaturer. Tout cela évidemment dans le cadre de la médecine…
Si vous deviez décrire une de vos journée type ce serait quoi ?
J’arrive à 8h à la clinique, de 8 à 12h30 je suis au bloc opératoire. Je déjeune avec mes confrères, où nous pouvons échanger sur les cas complexes que nous rencontrons, jusqu’à 13h30 puis l’après midi ce sont les consultations. En fin de journée il y a soit les patients à aller voir en hospitalisation, soit des réunions, et généralement à 20h je suis chez moi.
Ce sont de grosses journées…
Oui mais j’ai l’avantage de ne travailler que 4 jours par semaine.
Cela vous mène quand même à 44h…
C’est sûr mais quand on est interne on travaille entre 60 et 100 heures dans la semaine, donc on a été habitué à beaucoup plus ! En s’installant cela ne semble pas lourd de faire 40-50 heures.
Du coup il vous reste encore du temps pratiquer autre chose que la médecine ? Quelles sont vos passions ?
Quand je peux je fais de la plongée, ou du kite surf quand le temps s’y prête ! J’ai aussi fait de la musique pendant 15 ans même si je ne pratique plus…
Comment vous projetez-vous au plan personnel dans les années qui viennent ?
Je viens d’arriver donc c’est déjà pas mal de nouveautés ! Mais sinon, j’aimerais m’installer dans une maison et agrandir la famille… Rien de très original je suppose, mais c’est la vérité.
Que diriez-vous aux étudiants en médecines qui envisagent la chirurgie du membre supérieur ?
Déjà je dirais qu’il faut se lancer. C’est une spécialité où les machines ne sont pas près de nous remplacer… L’épaule on verra, mais pour la main et le coude l’humain a de beaux jours devant lui ! C’est un métier riche, varié, où on n’est pas près de s’ennuyer et c’est important car après on en a pour 40 ans d’exercice ! Il faut travailler le plus possible quand on est jeune et motivé, aller voir ailleurs comment la chirurgie se pratique. Il ne faut pas se cantonner à la ville où on est, il faut avoir une curiosité, faire du tourisme chirurgical si on peut dire, voir d’autres façons de faire… On a la chance en France d’avoir plusieurs grandes écoles que ce soit de l’épaule ou de la main, on est reconnu dans le monde entier pour l’épaule. Donc il faut aller voir Lyon, Annecy, Bordeaux, Paris, Nancy, Strasbourg, Aix etc… Il y a beaucoup de belles équipes à voir. Les techniques développées sont différentes, il faut s’enrichir des différentes expériences.
Dans mon opinion, une partie de ce qui fait un bon chirurgien se situe au niveau du contact humain, et dans la capacité à diagnostiquer correctement en envisageant la bonne solution pour le patient. Cela passe forcément par l’expérience. Pour toute ces raisons, la chirurgie est un métier qui passe par le compagnonnage, où l’on apprend des anciens autant voire plus que dans les livres. Cela invite forcément à la multiplication et la diversité des expériences, au cours de la formation.
Au niveau de votre spécialité, quels sont les progrès actuellement réalisés ? Sur quoi la chirurgie du membre supérieur se développe ?
Là où ça progresse et où ça peut encore progresser c’est dans la prise en charge post opératoire du patient, la prise en charge immédiate, où on a de plus en plus de protocoles de rééducation assez précoces. On est moins dans un schéma où on va laisser un patient 6 mois dans un plâtre puis le rééduquer. Ensuite, ce qui me concerne plus particulièrement est relatif à l’arthroscopie du poignet : j’en réalise un certains nombre et cela permet d’avoir des réparations ligamentaires un peu moins invasives qu’avant.
Notre entretien touche à sa fin alors une dernière question… Si vous n’aviez pas été chirurgien, qu’auriez-vous fait ?
Je pense que j’aurais été assez heureux en charpentier ou ébéniste… Le fait de construire, ou réparer, faire quelque chose de ses mains. Dans ces métiers il y a aussi quelque chose d’artistique, ou fonctionnel. On y retrouve la satisfaction de notre utilité, on garde le sens de son travail.
Merci Docteur et encore bienvenue à l’ICOP
Merci à vous.